Les Journées nationale de l’architecture 2022, le 14 octobre dernier, ont été l’occasion de dévoiler ce qu’on sait aujourd’hui de l’histoire de Saint-Étienne de Minerve, notamment grâce au récent travail de deux archéologues de l’INRAP, Marie Charrié-Adrian et Isabelle Rémy, qui ont publié un rapport l’an dernier sur l’église. Bien que partiel, par l’objet même de leur étude (la façade sud), ce rapport met en lumière quelques points intéressants sur les campagnes successives de construction.

(Le rapport est consultable ici)

Connue dans les textes dès 960, l’église Saint-Étienne n’est pourtant pas la plus ancienne du village. Au pied de celui-ci, dans la partie ouest du cimetière, on a découvert en 1932 les vestiges de l’église Saint-Nazaire, une église paléochrétienne incendiée à deux reprises. C’est à Saint-Nazaire que les protagonistes du plaid (assemblée générale) de 873 avaient prêté serment.
L’église Saint-Étienne de Minerve relevait de l’archevêque de Narbonne. Située au cœur des possessions des Guilhem de Minerve, c’était à l’origine leur église castrale avant de devenir l’église paroissiale du village.

La partie la plus ancienne de l’église constitue en soi une vraie singularité architecturale: au sud de l’abside principale se trouvent une absidiole et le départ d’un arc triomphal, qui pourraient dater des premières années du XIe siècle. L’arc a été tronqué au cours d’un remaniement ultérieur, qui a mis en place le chevet voûté en cul de four et probablement aussi deux travées de la nef, de cette campagne (vers 1060?) pourraient dater les fameux « cordons de Charlemagne » qui soulignent les ouvertures. A cette époque apparaît dans la documentation un chapitre de chanoines de Saint-Étienne de Minerve richement doté à qui le recteur (curé) prête serment.
Ce chapitre disparaît des textes au cours du XIIe siècle. Plusieurs indices font penser qu’à cette époque l’église était recouverte d’une charpente en bois.

Une nouvelle campagne de construction en deux étapes rapprochées remanie complètement la partie ouest de l’église, jusqu’au portail. On lui doit la première travée en entrant et le voûtement de l’église. L’emploi massif du tuf comme matériau pour cette campagne est à rapprocher de la construction du château royal qui utilise aussi largement ce matériau, et permettrait de dater cette campagne des années 1250/1260.
L’absidiole Nord a disparu lors de la construction d’une chapelle au XVIe siècle. La sacristie a été entièrement refaite après 1842.
Le clocher de l’église est modifié à plusieurs reprises. Plusieurs fois atteint par la foudre, il est refait dans sa forme actuelle vers 1950.
Texte et photos : Marie Vallée-Roche
