Isabelle Commandré, chargée d’études et de recherches INRAP Méditerranée, chercheuse rattachée à l’UMR 5140-CNRS Montpellier.
Après une double formation en Histoire et en Archéologie menée à l’université de Montpellier, Isabelle Commandré a réalisé une thèse entre 2007 et 2014 portant sur l’artisanat verrier forestier médiéval et moderne en Languedoc sous la direction de D. Foy au centre Camille Jullian de l’Université Aix-Marseille 1. Elle est désormais rattachée à l’INRAP (institut national de recherches en archéologie préventive) en qualité de chargées d’études et de recherches et enseigne en parallèle à l’université Paul Valery, Montpellier 3.
Résumé :
L’artisanat verrier forestier moderne connaît un développement particulièrement important dans la région bas-languedocienne qui bénéficie d’une tradition profondément ancrée et florissante depuis le XIIIe siècle. Pour autant, les modes et structures de production sont encore peu documentés et l’historiographie en livre généralement l’image d’un modeste réseau d’officines diffusant des objets de consommation courante.
Fondée sur la complémentarité des sources écrites, archéologiques et archéométriques, cette présentation privilégie l’analyse de ces fabriques à partir de trois ateliers fouillés en Montagne Noire. Elle livre une approche des hommes, artisans et propriétaires fonciers, comme de l’environnement qui témoigne de la structuration formelle de cet art du feu. Une centaine de centres de production modernes a été recensée, le plus souvent rassemblés en foyers. Si leur développement demeure limité, ils font en revanche état d’une certaine autonomie dans la production. De la plus petite unité forestière aux grands établissements assimilés à de véritables agglomérations villageoises plus ou moins pérennes, chaque site assure le cycle complet de la chaîne opératoire du verre dans un seul et même lieu.
Terre propice à l’établissement de l’industrie verrière pour ses nombreuses ressources en matières premières, le Languedoc moderne produit principalement du verre creux. Pour l’essentiel, leur production alimentait la province qui, du reste, était la plus grande du royaume. Ce n’est qu’à partir du premier tiers du XVIIIe siècle que l’artisanat forestier s’étiole progressivement au profit de grandes manufactures alimentées au charbon de terre, dont l’émergence est largement favorisée par les autorités provinciales et royales.