Journée européenne de l’archéologie à Narbonne et Gruissan 18 Juin 2022

12 intrépides ont affronté la canicule pour profiter de deux sites archéologiques ouverts au public en cette journée européenne de l’archéologie: le Clos de la Lombarde à Narbonne, puis l’établissement antique et médiéval de Saint Martin le Bas à Gruissan. Voici le reportage photo de cette journée mémorable:

La visite à Narbonne par Roland Schmitt, président des Amis du Clos de la Lombarde:

 

Au Sud-Ouest du cimetière de la Cité, aménagé à la fin du XVIIIème s., s’étendait un terrain non bâti, le Clos de la Lombarde, qui fut attribué au ministère des Finances pour y loger le bâtiment du futur Trésor Public. Les sondages effectués en 1973 par R. Caïrou et R. Sabrié mirent au jour de nombreux vestiges, et le terrain fut transféré au Ministère de la Culture pour permettre la poursuite des prospections archéologiques.

L’ensemble actuellement dégagé constituait un îlot urbain enserré entre quatre rues se coupant à angles droits. Il était essentiellement à vocation résidentielle.

C’étaient les demeures de familles aisées comme l’emblématique « Maison à portiques ».

Construite peu de temps avant notre ère, elle s’articulait autour d’un péristyle où se trouvait le jardin agrémenté de bassins.

 

Dallage en opus spicatum pour les zones de fort passage comme les cuisines:

Le quartier bénéficiait d’un système d’alimentation en eau depuis l’aqueduc, et d’un astucieux système d’évacuation des eaux usées.

 

L’îlot n’était pas exclusivement résidentiel, il y avait aussi un atelier de salaisons.

L’atelier qui devait sentir bien mauvais au coeur de ce quartier résidentiel, fut abandonné dans la seconde moitié du Ier s., au profit d’une extension des thermes voisins.

Un rare pavage polychrome orne l’entrée des thermes.

Au cours du IIIème siècle, le Clos de la Lombarde est abandonné, la population de Narbonne diminue et se replie intra muros. Mais le site est réinvesti au IVème siècle, cette fois pour y édifier une basilique chrétienne.

On a retrouvé un total de neuf sarcophages taillés dans les carrières de l’île Sainte-Lucie, dans l’étang de Bages.

 

A midi nous avons quitté Narbonne pour nous retrouver aux Salins de Gruissan. Après un bon repas à la Cambuse du Saunier, nous avons rejoint un autre président d’association, celui du Groupe de Recherches Archéologiques du Narbonnais, M. Alain Calvet, pour visiter l’établissement antique et médiéval de Saint-Martin-le-Bas.

Le site se trouve à 300 m environ du rivage actuel de l’étang de l’Ayrolle, adossé au versant sud de l’île, en contrebas d’une importante source d’eau douce.

Les fouilles conduites depuis 2011 ont permis de mettre au jour un vaste complexe à cour centrale, probable bâtiment public à vocation commerciale et administrative. Balance, règle, jetons, encrier, etc, le mobilier retrouvé suggère des activités de comptabilité et de secrétariat.

Les blocs en calcaires de grande dimension ont été levés à l’aide de louves dont les encoches demeurent très visibles.

Au début du Vème s. le site est démantelé, et les nouveaux occupants se livrent à l’agriculture et à l’élevage, comme en témoignent les vestiges retrouvés: meules à main, sonnailles, carcasses d’animaux…

Cette occupation tardo-antique qui dure jusqu’au VIIème siècle est aussi caractérisée par l’implantation d’un cimetière au sud du site dont on a pu déjà étudier une vingtaine de tombes.

 

Dans le même secteur sud une tour carrée a été construite ultérieurement à l’époque antique, probablement une tour de signalisation à l’usage des navires, dont la base est toujours bien visible.

Au pied de la tour, en périphérie de l’ensemble bâti, deux grandes citernes de 13 x 3 m, alimentées par un aqueduc en tuiles depuis la source située au nord du site, permettaient sans doute d’approvisionner en eau les navires qui devaient reprendre la mer.

C’est ainsi que prit fin cette séance « foraine » qui nous a fait découvrir deux sites archéologiques majeurs à proximité de notre Minervois…

Crédit photo: Christian Douillet.