Document emblématique du Midi de la France, pays de « taille réelle » (où l’imposition portait sur les biens), le compoix d’une communauté contient, sous le nom de chaque propriétaire et par articles séparés, la description de toutes les possessions, leur contenance, leurs confronts, leur nature, leur qualité et leur estimation. Le compoix permettait de répartir sur la communauté la part qu’elle devait supporter dans la taille royale (= impôt), additionnée du montant de ses propres dépenses.
A l’extérieur du bourg, il existe des maisons isolées (le compoix en dénombre 71), et dans la partie la plus élevée du terroir, des hameaux (Saint-Julien, Cantignergues, Saussenac, Montaut), qui constituent une paroisse à part, dont l’église est à Saint-Julien de Meulières. On distingue des bories (centres d’habitation d’une exploitation), des casals (plus petits et d’une valeur moindre que les bories) et des oustals (demeures réservées uniquement à l’habitation).
Le bourg est protégé par des murs, des fossés, et ouverts sur l’extérieur par 5 portes. Dans le bourg, outre des maisons (majoritairement des oustals), on trouve aussi des étables, des fenils, des vergers, des patus (petits prés clos), des tinas (chais) ; Plus d’un siècle après la Grande peste, il reste donc d’importants espaces non bâtis à l’intérieur des murs.
La plupart des parcelles cultivées sont semées en céréales (essentiellement l’orge et le froment), les 9/10 e des champs font moins d’un hectare. Les parcelles mises en œuvre sur le causse sont perdues au milieu de l’espace inculte (erm), souvent « entre dos roquos » et proches des ruisseaux. En plaine les zones les mieux irriguées sont réservées aux jardins (orts) et aux ferratgals (parcelles destinées aux cultures fourragères) : ils enserrent le bourg. Les vignes sont deux fois moins nombreuses que les champs. Tous les tenanciers en ont au moins une, seul un chanoine possède 5 vignes et aucun champ ! C’est une culture de plaine, en zone bien arrosée. Les cépages ne sont pas spécifiés ; on trouve mention de raisins blancs (vignhes blanquetos) et de muscat (muscadelhos). Les oliviers sont présents sur tout le terroir, signes de richesse, ils sont plus taxés que les autres cultures ; il existe deux moulins à huile sur le terroir. Le compoix montre aussi l’existence de 9 safranières. Le cheptel déclaré (chèvres et moutons) atteint 3100 têtes, l’élevage se pratique sur les hautes terres.
Le compoix de 1461 a été étudié par Marie-Laure Varoqueaux-Escoffier dans le cadre d’un mémoire de maîtrise intitulé « Un terroir minervois au Bas Moyen-Age, La Livinière 1378-1461 » et publié sous ce titre à partir de septembre 2009 dans la revue « Histoire et généalogie du Minervois » n° 78 à 83 sauf 80.