Le chef-reliquaire de St Jean-Baptiste est la plus belle pièce du trésor de l’abbatiale. C’est un chef-d’œuvre de l’orfèvrerie montpelliéraine du XVe siècle, commandé sous l’abbatiat de Raymond de Fabrègues pour abriter des reliques du saint. Il est constitué d’un buste fait de plaques d’argent martelées au repoussé, ciselées et rehaussées de vermeil pour les cheveux et la barbe.
L’artiste :
Son auteur est Jacques Morel, un « tailleur d’ymages demorant à Montpellier » qui l’a exécuté en 1440-1441. En effet, l’œuvre est signée des initiales de l’artiste, JM, et du poinçon des orfèvres de la ville de Montpellier, la fleur de lys et de la lettre P qui permet de dater le reliquaire de 1441, vu que le poinçon alphabétique des orfèvres de Montpellier commence en 1427. Fils d’un Majorquain établi à Montpellier, Jacques Morel a travaillé à Lyon, Avignon et Toulouse, avant de devenir, en 1436, consul et garde de l’orfèvrerie de Montpellier. Il est surtout connu comme sculpteur : il a exécuté en 1448 le tombeau de Charles Ie de Bourbon à l’abbaye de Souvigny en Bourbonnais, et, en 1452, à Angers, le tombeau du roi René. Le reliquaire de Quarante est la seule œuvre d’orfèvrerie sortie de ses mains que l’on connaisse. On y reconnaît l’art d’un sculpteur de gisants : les joues sont creusées, le nez osseux, les orbites enfoncées. La bouche dessine un rictus, et laisse entrevoir les dents. Cependant si on fait le tour du buste, saint Jean présente deux profils complètement différents : l’un est apaisé, l’autre souffrant.
Les reliques :
Deux boites porte-reliques sont fixées, l’une sur la poitrine, l’autre sur le sommet du crâne. On ignore dans quelles circonstances le reliquaire a été donné à l’église. Le culte de St Jean-Baptiste y était fort ancien, puisqu’en 1053 déjà un autel lui était dédié, et qu’en 1404 on trouve instituée une confrérie en l’honneur de la Décollation du saint. On venait de loin pour vénérer le « chef de St Jean » et obtenir la guérison des maladies de la tête : migraines, douleurs des yeux et des oreilles. Les malades portaient le reliquaire sur la tête pour obtenir la guérison…
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