Dominique Baudreu,
permanent au Centre d’Archéologie Médiévale du Languedoc (Carcassonne), association loi 1901, éditrice de la revue annuelle interrégionale Archéologie du Midi Médiéval.
Dans le monde rural du Moyen Âge finissant, les communautés d’habitants, mais aussi la noblesse, ont été souvent mis à l’épreuve de divers épisodes guerriers, d’intensités variables, venant perturber la vie sociale et économique, à l’échelle locale ou régionale. A titre préventif, ou en réaction à de réels dommages commis sur les biens ou les personnes, il a fallu se prémunir de façon collective contre les effets des bandes armées : troupes organisées ou mercenaires démobilisés. Les réponses à ces dangers ont consisté à trouver des terrains d’entente entre villageois et autorités seigneuriales, afin de faire émerger de nouvelles formes de fortifications capables d’offrir, autant que possible, des protections efficaces contre des périls rémanents, avérés ou potentiels. Dans ce contexte d’autodéfense, diverses solutions ont pu être adoptées. Plusieurs exemples repérables dans le Minervois, à partir de documents d’archives ou de plans anciens, montrent différentes options mises en œuvre dans la seconde moitié du XIVe siècle et jusqu’au siècle suivant : réfection ou reconstruction d’une enceinte collective préexistante (Cesseras), création d’une nouvelle enceinte englobante (Olonzac), création d’un réduit collectif fortifié ou fort villageois dans un village ouvert (Cassagnoles, Assignan), ou auprès d’une tour (Trausse-Minervois), ou encore à partir d’un château seigneurial (Sainte-Valière), ou d’une église abbatiale (Quarante), enfin, mise en fortification d’une église paroissiale (Peyriac-Minervois). Adaptées à chaque situation locale, les fortifications villageoises de la fin du Moyen Age ont marqué de façon plus ou moins durable les agglomérations concernées, du point de vue monumental. Elles reflètent en partie l’histoire des pouvoirs jusque dans les plus modestes seigneuries et communautés pendant le bas Moyen Âge et jusqu’au XVIe – XVIIe siècle.
Crédit photo Christian Douillet