L’autel de saint Rustique à Minerve

Pour le voir, il faut s’adresser au musée archéologique, derrière le monument aux morts : la visite de l’église paroissiale Saint-Etienne est comprise dans le billet du musée.

Autel de Minerve
La table d’autel a été installée il y a une quarantaine d’années sur un socle en pierre au milieu du chœur. Elle se trouvait auparavant encastrée dans l’autel principal adossé au mur de l’abside. Elle est constituée d’un bloc de marbre blanc d’un seul tenant, au rebord saillant, sculpté d’une moulure qui court tout autour, ce qui s’expliquerait par la volonté d’éviter le débordement sur le sol des espèces destinées à la communion, mais ce pourrait être aussi l’imitation de l’aspect des tables de repas de l’Antiquité. La table d’autel mesure 1,44m de longueur, 0,70 m de largeur, 0,15 m d’épaisseur ; sa moulure est large de 11 cm. Elle a été classée le 30 septembre 1911. Des analyses ont prouvé que son marbre provient de Carrare en Italie. Sur la face antérieure, elle porte une inscription gravée en latin, relative à sa consécration par l’évêque Rustique (Rusticus): « RVSTICVS ANN. XXX EPTVS SUI FF » : Rusticus anno trigesimo episcopatus sui fieri fecit : Rusticus (l)’a fait faire la trentième année de son épiscopat. La pièce de marbre marquée d’une croix que l’on distingue au milieu de l’inscription a été rajoutée dans la seconde moitié du XIXème siècle, pour servir de tombeau où furent insérées des reliques. Le seul évêque de Narbonne appelé Rusticus fut pontife de cette ville de 427 ou 430 à 461. Dater l’autel de la trentième année de son épiscopat, comme le signale l’inscription gravée, revient à en faire le plus ancien autel de France daté avec certitude (456-459) ; celui de Saint Victor de Marseille, peut-être aussi ancien, ne comporte aucun élément qui permettrait de le situer aussi sûrement dans le temps.
Nous avons la preuve que cet autel se trouvait à Minerve au moins dès 873, car cette année-là eut lieu un jugement public au pied du château. Les témoins de l’affaire prêtèrent serment sur l’autel de l’église Saint-Nazaire, dont on a retrouvé les vestiges dans le cimetière actuel. Or les signataires de la charte du jugement signèrent aussi sur le marbre de l’autel… On doit donc considérer ce monument comme étant d’un intérêt archéologique majeur.