« L’évolution du castrum au fort villageois, en Gascogne toulousaine » par Marcel SULTANA

Bretx, petit village de la Gascogne Toulousaine a suivi le parcours historique de la plupart des 120 communautés villageoises répertoriées en Gascogne Toulousaine par Mireille Mousnier du XIIème au XIVème siècle. Sous la dépendance du seigneur de Thil ; ces 2 villages constituaient le noyau dur de la seigneurie puis du comté de l’Isle Jourdain du XIIème siècle jusqu’à la révolution.

La difficile reconstitution de son histoire lacunaire, commencée par la découverte de « choppers » datés de milliers d’années, suivi par la découverte d’un « four à galets néolithique » lors de recherches préventives initiées par l’INRAP, puis par la découverte de fragments de poterie au centre du village, daté du IXème ou Xème siècle, se continue au moyen -âge central et bas moyen-âge par l’évolution progressive de communautés villageoises en communauté de défense. La population abandonne progressivement son habitat et sa paroisse, pour se mettre sous la protection d’un seigneur, dans ou autour d’une enceinte fortifiée, et forme avec le seigneur une communauté de défense, le Castrum, confirmée par la charte de coutumes de 1246. Le Castrum de Bretx, qui apparait dans les textes à partir de 1148, est représenté par la maquette qui tire son fondement d’un corpus historique essentiellement basé sur le Cartulaire de l’Isle Jourdain ou Saumes de l’Isle. Seuls quelques articles de la charte de coutumes seront détaillés, mais le document passionnant et d’une grande modernité dans ses dispositions essentielles du droit civil, sera mis à disposition. La méthode employée basée sur la toponymie et la topographie sera détaillée à partir de cartes IGN, cartes d’états-majors de 1820-1860 et du plan Napoléon de 1827.

De l’abandon progressif ou brutal du Castrum nous savons peu de chose, mais des hypothèses circonstanciées peuvent être avancées sur la base de la topographie des lieux et du contexte historique régional, guerre de Cent Ans avec le passage de l’armée du comte de Derby Lancastre fin 1349 et de la proximité immédiate du lieu de la bataille de Launac en décembre 1362 qui a opposé des milliers de chevaliers et soldats du comte de Foix, Gaston Phoebus et du comte d’Armagnac ; sans oublier les terribles exactions des Grandes Compagnies, basées à quelques lieux à Grenade et Montauban et le passage des paysans du Bas Languedoc révoltés qui seraient arrivés jusqu’à Bretx et Thil en 1382. Il fallut attendre la reprise totale de la Guyenne, en 1453, pour que la paix revînt.

Le Castrum fut abandonné au profit du Fort Villageois situé dans la plaine proche, probablement vers la fin du XIVème siècle. Celui-ci apparait clairement dans les « confronts « du livre Terrier de 1662 sous la terminologie de « Fort, Fort de Bretx ou Fort de Plu (lieu-dit) ». Le livre Terrier nous indique les noms des habitants en 1662 et le plan Napoléon nous en donne les contours précis, fossé en eau, fossé sec et talus en 1827.Ces éléments constituent les fondements de la maquette du Fort Villageois.

Crédit photo Christian Douillet