« Un grand dolmen en Minervois: le dolmen de Saint-Eugène (Laure-Minervois) » par Jean Guilaine

Jean Guilaine est un archéologue du Néolithique de réputation internationale. Longtemps directeur de recherche au CNRS,  il a conduit des chantiers de fouilles dans plusieurs pays méditerranéens : Chypre, Grèce, Italie, France, Andorre, Espagne. Enseignant, il a occupé la chaire « Civilisations de l’Europe au Néolithique et à l’Âge du bronze » au Collège de France dont il est professeur émérite. Il est l’auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels : La France d’avant la France (Hachette), La Mer partagée (Hachette), Le Sentier de la guerre (Le Seuil), Caïn, Abel, Ötzi, l’Héritage néolithique (Gallimard), Les Chemins de la Protohistoire (O.Jacob), Mémoires d’un protohistorien (O.Jacob). Audois d’origine, il a notamment travaillé sur les plus grands mégalithes du Sud de la France : les hypogées d’Arles-Fontvieille, les dolmens de Saint-Eugène et de Pépieux.

Conférence aux Journées scientifiques en Minervois 2021:

Classé Monument Historique, le dolmen de Saint-Eugène compte, avec celui de Pépieux, parmi les plus grandes tombes préhistoriques du Midi de la France. Construit il y a plus  de cinq mille ans, il a été d’abord fouillé entre 1924 et 1928, par Germain Sicard, alors propriétaire du château de Rivière près de Peyriac-Minervois. Dans les années quatre-vingt-dix du siècle dernier, il a été l’objet de travaux de recherche et de restauration de grande envergure qui ont révélé plus amplement son architecture et complété les recherches demeurées jusque là partielles.

Ces diverses opérations viennent de faire l’objet d’un gros ouvrage savant de plus de 400 pages auquel ont contribué 34 auteurs. Reprenant son contenu, la conférence a évoqué les caractères architecturaux de cette tombe collective insérée dans un tumulus de 22 m de diamètre. Ont été présentés les mobiliers funéraires extraits de ce caveau : poteries, couteaux et pointes de flèche en silex, palettes de schiste, objets de cuivre et de bronze, parures en coquillages et en roches diverses. Les restes des défunts enterrés dans cette crypte ont fait l’objet d’études anthropologiques, odontologiques, génétiques, paléopathologiques. Plusieurs datations radiocarbone ont montré que ce sépulcre avait fonctionné pendant plus d’un millénaire depuis le Néolithique final (vers 3300 avant notre ère) jusqu’au début de l’Âge du bronze (après 2000 avant notre ère).