« Sur les traces de l’Aldène », par Yves Besset

«  Sur les traces de l’Aldène »

 

Yves BESSET

Spéléologue avec 60 ans de pratique, généraliste du monde souterrain

Biographie :

Parmi les premiers licenciés de la Fédération Française de Spéléologie (FFS) en 1963, il pratique la spéléologie depuis plus de 60 ans, qu’il commence à 16 ans à travers le scoutisme et la lecture des ouvrages de Norbert CASTERET.

En 1962, des études de physique et de chimie l’amène tout naturellement à s’intéresser à la spéléologie scientifique. C’est alors qu’il est l’un des membres fondateurs du Groupe Lyonnais de Recherche Spéléo-karstologique URSUS dont il sera président quelques années plus tard.

En 1966, détaché auprès du CNRS, il participe à une expédition polaire au spitzberg. Plus tard, il explorera les gouffres et grottes des Pyrénées. C’est le début des premières prospections et exploration au Val d’Aran. Dans les années 1980, il découvre la plongée souterraine et la préhistoire dans la Galerie Clastre à Niaux et la visite du Salon noir et des grottes préhistoriques environnantes.

Généraliste du monde souterrain, Yves BESSET s’intéresse à l’environnement des cavités à travers leur génèse, la karstologie, l’hydrogéologie, la géologie, la topographie, la préhistoire…

Depuis ses débuts, il a visité plus d’un millier de cavités dans les Alpes, les Pyrénées, mais aussi dans de nombreux pays karstiques. (Slovénie, Croatie, Bosnie, Monténégro, Slovaquie, Moravie, Spitzberg, Espagne, Suisse, Belgique, …)

Depuis 15 ans, il participe avec le club spéléo AMES de Cesseras et avec l’Association Aldène à l’étude et l’exploration du monde souterrain du Minervois.

 

Résumé de la communication aux Journées scientifiques en Minervois 2021

La grotte d’Aldène, c’est le plus important réseau spéléologique du Minervois, mais c’est aussi une cavité particulièrement riche en vestiges préhistoriques qui témoignent de l’ancienneté des premiers occupants de la grotte et de leurs outillages.

Leurs traces se retrouvent tout d’abord à travers une stratigraphie qui s’étale sur plus de 400 000 ans, où les restes d’industries humaines côtoient les vestiges de faunes anciennes. Certaines de ces séquences sont exceptionnelles, comme la couche « I » qui contient l’un des rares sols aménagés sensiblement contemporains de l’homme de Tautavel, ou encore la couche « K » qui est l’un des rares témoignages d’industries acheuléennes découvert en stratigraphie dans le sud de la France.

En 1883, Armand et Gaston GAUTIER découvrirent dans les remplissages de la grotte la présence de phosphates qui furent ensuite exploités jusqu’en 1944. Ce sont alors plus de 300 000 tonnes d’engrais qui furent extraits, détruisant simultanément les restes paléontologiques et préhistoriques qui se trouvaient par ailleurs dans la grotte, faisant dire au Comte Henri BEGOUËN « Aldène est bien le type du beau gisement  saboté ». Mais cette exploitation permit de mettre à jour 2 galeries : la « galerie des Gravures » et la « galerie des Pas ».

Marcel GUERRET, le 7 février 1927, fit la découverte de gravures (trois félins, un ours ou félin, un cheval, un bovidé (?), un rhinocéros, un signe en comète et un autre grossièrement circulaire) réalisées il y a 30 000 ans par des artistes du Néolithique . Plus tard, Paul Ambert, identifiera sous des traces de griffures d’ours, un Mammouth, baptisé depuis le « Mammouth Ambert ».

C’est le 12 avril 1948 que l’abbé CATHALA, alors président de la section spéléologie de la SMSP (Société Méridionale de Spéléologie et de Préhistoire de Toulouse), « prend pied, après une trentaine de mètres de descente, dans un nouvel étage inférieur ». Le 1er mai, une équipe de la SMSP franchit la chatière et explore l’aval de ce nouveau réseau. C’est le 2 juin, il y a 70 ans, que l’abbé CATHALA, seul, poursuivit l’exploration vers l’amont et découvrit les traces de pas humains vieilles de 8 000 ans ainsi que des empreintes de hyènes et d’ours.

Tous ces éléments ont suscité au fil des ans un très grand intérêt archéologique et spéléologique.

L’entrée de la grotte de l’Aldène vers 1920, collection Robert Marty.