Trausse est un village du Minervois audois, au sud-est de Caunes. Il a conservé du Moyen Age un plan original: il s’organise en effet autour de deux pôles anciens: au nord du village, l’église Saint-Martin et son enclos, et au centre, la tour dite « Trencavel » au coeur d’un noyau quadrangulaire, le fort villageois.
Plan: Frédéric Loppe, 2004: D. BAUDREU et F. LOPPE « Types de forts villageois dans le bassin moyen de l’Aude durant la guerre de Cent ans » Archéologie du Midi médiéval, t. 22, 2004, p. 127.
Le fort villageois est un petit quartier fortifié muni d’une seule porte au nord, à l’intérieur d’un autre ensemble plus grand, quadrangulaire lui aussi, également fortifié, percé quant à lui de deux portes, l’une au nord et l’autre au sud, cette dernière est encore visible de nos jours. Les deux fortifications s’imbriquaient l’une dans l’autre comme des poupées gigognes.
Au centre, se trouve la tour, une tour-salle qui devait servir d’entrepôt de denrées à protéger (récoltes, dîmes), voire de refuge en cas d’attaque, qui daterait probablement de la fin du XIIème siècle ou du début du XIIIème siècle. Elle dépendait de l’abbaye de Caunes. De taille imposante (20m x 10m à la base, 15m de haut), elle est constituée de moellons de grès et se compose de deux niveaux couverts de voûtes en berceau brisé. Un escalier percé dans l’épaisseur du mur est permettait d’accéder au second niveau. Plus tard, probablement au XIVème siècle, on y a rajouté des mâchicoulis encore visibles en haut du mur ouest.
photos: les Amis de la Tour Trencavel Trausse Minervois, www.atttm.fr
En effet à la suite de la tragique chevauchée du prince Noir de 1355, un bon nombre de localités de la région remirent en état les vieilles fortifications et s’organisèrent pour offrir à la population un refuge temporaire en cas d’attaque des bandes de routiers, cette plaie qui ravagea les campagnes pendant la guerre de Cent ans. C’est probablement de cette époque que date l’édification du fort villageois, un réduit bâti d’environ 1200 m2 (40 x 30 m), dont il ne subsiste plus actuellement qu’une porte en arc surbaissé, au nord de la tour. Ce premier périmètre devait être entouré de fossés.
Au XVIème siècle une seconde enceinte, d’environ 4200 m2 (70 x 60 m), est venue englober la première. Il était devenu nécessaire d’accroître la capacité défensive du site: pendant les guerres de religion Trausse eut à subir plusieurs assauts et passa des mains de Montmorency aux forces de la Ligue du duc de Joyeuse, puis à nouveau aux mains des Huguenots en novembre 1590. C’est donc de cette époque que dateraient « les murs », avec une tour en fer à cheval à l’ouest, une échauguette circulaire au nord-ouest soutenue par des corbeaux en calcaire blanc.